CHAPITRE 11

"Vous avez déjà eu vos vacances," dit David en levant les mains en l'air d'exaspération. "Où est-il?"

Georg et Tom haussèrent les épaules. "Il est parti quelque part avec Andreas," dit Tom.

"Pourquoi est ce que vous ne savez pas?" David semblait sur le point de s'arracher les cheveux. "On a une interview et une séance photo dans deux heures."

Gustav commença à taper en rythme sur ses genoux. "Il m'a dit qu'il reviendrait à temps."

Tom hocha la tête. "Même chose."

David ferma brièvement les yeux. "Ok, il reviendra. Il sera là. Il doit être là."

"Qui ça?"

Ils levèrent tous les yeux quand Bill entra dans la pièce, le teint rougi et l'air excité. Andreas entra après lui.

"Toi," dit David en marchant vers lui. "Où étais-tu? Tu aurais pu le dire à quelqu'un."

"Je l'ai fait," dit Bill. "Je l'ai dit à Gustav."

"Gustav me l'a dit," ajouta Tom. Gustav ricana.

"Séance photo et interview dans deux heures," dit David en commençant à partir. "Fais ce truc que tu as fais avec tes cheveux pour la dernière vidéo. C'est ton look maintenant."

"Attends," dit Bill. "J'ai fait quelque chose."

Andreas eut un large sourire. "Montre leur."

"Quoi?" demanda Georg. "Montre nous quoi?"

Très lentement, en se mordant la lèvre, Bill leva son T-shirt. Puis il tira un gros bandage blanc sur le côté de son ventre en grimaçant un peu. Il entendit un hoquet de stupeur collectif quand tout le monde vit le tout nouveau tatouage sur sa hanche.

"Vous aimez?" Bill leva d'abord les yeux vers Andreas qui hocha la tête. Puis il jeta un coup d'oeil aux autres.

"Heu," dit David en fixant le tatouage. "C'est… ok. On peut bosser avec ça."

"Hein?"

"Tu aurais dû me demander d'abord," dit David à Bill. "Mais, heu, ouais. Je suis sûr que ça ira."

David sortit finalement de la pièce, tirant son téléphone portable de sa poche. Bill échangea un regard avec Andreas et laissa retomber le bord de son T-shirt.

"C'est aussi nul que ça?" demanda Bill en riant nerveusement.

Georg s'approcha. "Refais voir."

"Ouais mais non," dit Tom. "J'ai pas besoin de le revoir." Andreas ricana et Tom lui envoya un regard noir.

"Je veux le voir, j'ai à peine pu jeter un coup d'œil," dit Gustav en allant près de Georg.

"Ouais, montre leur," dit Andreas.

Tom grogna et les dépassa pour aller vers les couchettes. "Je serai là-dedans. 'fin bref."

Bill fronça les sourcils mais releva son T-shirt, poussant délicatement le bandage sur le côté. "C'est tout à fait toi," commenta Georg. Il tendit la main comme pour toucher et Bill lui donna une tape pour l'éloigner.

"Assez, assez," dit-il. "C'est douloureux et il faut que je me change et que je me coiffe." Bill retira sur son T-shirt pour le descendre. "Je reviens vite," dit-il à Andreas.

"Je viens te tenir compagnie," dit Andreas en essayant de suivre Bill vers les couchettes. Bill se tourna et toucha le bras d'Andreas.

"Non," dit-il. "Donne moi juste cinq minutes."

Le visage d'Andreas refléta la confusion un instant puis il hocha la tête. Il pouvait voir les jambes de Tom pendre de sa couchette. "Ohh, ok," dit-il. Il laissa Bill partir.

Bill ferma la mince porte ente l'espace couchette et le reste du bus et se tourna vers son frère qui était assis dans sa couchette avec sa guitare acoustique.

"Tu as un problème avec le tatouage?" demanda-t-il doucement.

"Bien sûr que non," dit Tom d'une vois sans timbre. Il pinça une corde de guitare, faisant résonner une note discordante.

"Alors quel est le problème?" Bill se pencha contre la couchette et donna un petit coup de genou au pied de Tom.

"Y'a pas de problème."

"Oh merde, dis moi, c'est tout," dit Bill.

Tom prit une grande inspiration et posa sa guitare. "Tu y es allé avec Andreas."

Bill leva un sourcil. "Et alors?"

"Quand tu t'es fais faire ton dernier tatouage, tu m'avais demandé de venir," répondit Tom. "Et quand tu as fais tes piercings."

"Andreas est mon meilleur ami," dit calmement Bill. "Je savais que je passerais un bon moment. Ces autres choses… C'était il y a longtemps, Tom."

"Je sais."

Bill croisa les bras, grimaçant alors qu'il frôlait le pansement. "Qu'est ce qu'il y a d'autre?"

"Tout," marmonna Tom en baissant les yeux vers sa guitare. "Ton apparence maintenant, le tatouage, ta façon d'agir-"

"J'agis différemment?"

Tom haussa une épaule. "C'est surtout ton apparence. Tu es comme une personne différente."

"Je suis toujours Bill," dit Bill. "Je suis toujours ton stupide petit frère."

Tom esquissa un sourire à ces mots. "Tu es plus grand que moi maintenant, pourtant."

"C'est à cause de mes cheveux," dit Bill en donnant un gentil petit coup au pied de Tom. "Tu ne les as jamais aimé, je le sais."

"Je les aime trop." Tom rougit et baissa encore plus la tête, complètement courbé sur son instrument. Bill leva les yeux vers le plafond et réprima un sourire. "Ça m'effraie."

"Tom," dit Bill doucement. Il s'agenouilla à côté de Tom et posa une main sur son genou. "Aucune raison d'être effrayé. On a traversé des trucs plus bizarres que juste toi qui pense que je suis beau, pas vrai?"

"Je suppose," marmonna Tom.

Bill serra le genou de Tom. "Je suis content que tu aimes. Si tu n'avais pas aimé, je changerais sûrement."

Tom rit. "Tu ferais pas ça."

" Et bien, peut-être pas. Mais ça serait nul."

Tom sourit et posa une main sur la joue de Bill. "J'aime le tatouage. Beaucoup. Mais est-ce qu'il fallait que tu le fasses là?"

Bill sourit. "Qu'est ce qui ne va pas avec l'endroit où je l'ai fait?"

"Ça va attirer l'attention," dit Tom

"Celle de qui?"

"Tout le monde," dit Tom.

"La tienne?"

"Mon attention est déjà là. Maintenant j'aurai encore plus de raisons de regarder, enfoiré." Il frappa légèrement Bill à l'épaule. "Ok, je vais bien maintenant. Tu peux aller… faire j'sais pas quoi."

"Bien," dit Bill. Il se pencha et embrassa rapidement Tom sur la joue. Il ne pouvait pas s'en empêcher. "Je vais aller faire j'sais pas quoi."

Alors qu'il s'éloignait des couchettes, il fut certain d'entendre Tom gémir.


**


Bill observait la fête depuis le fond de la salle, sirotant son verre. Il venait juste d'avoir dix-sept ans une heure plus tôt et il se sentait bien. Il s'assit sur l'une des banquettes à l'arrière du club. Il vit Tom à travers la pièce qui parlait à un groupe de filles gloussantes. Bill ne se rappelait pas de les avoir invitées à leur fête d'anniversaire. Cependant, il ne se rappelait pas d'avoir invité la plupart des gens présents dans la pièce.

Il se recula dans son siège, posant son verre sur son genou. Andreas arriva et s'assit à côté de lui.

"Hey," dit-il à Bill, claquant une main sur son genou. Bill sourit. "Qu'est ce que tu regardes?" Andreas regarda à l'endroit que fixait Bill et soupira. "Oh."

"Désolé," dit Bill en se penchant en avant pour poser son verre au sol. "Ça m'est passé."

"Ouais, c'est ça," le taquina Andreas. "Tu passes un bon moment?"

"Je sais pas," répondit Bill. "Je ne passe pas un mauvais moment."

Andreas secoua la tête. "Est-ce qu'il t'a fait un cadeau?"

"On fait pas ça."

"Jamais?"

"Jamais. Enfin, une fois." Bill s'adossa au canapé et sourit. "Je lui ai donné ce stupide collier que j'avais et qu'il voulait."

"Oh ouais, je me souviens." Andreas ramassa le verre de Bill au sol et le renifla. "Mais c'est ta fête… tu ne devrais pas rester assis là."

"Je me sentais pas trop d'aller en plein milieu," dit Bill. "Je ne connais pas vraiment qui que ce soit."

"Mais tout le monde te connaît."

Bill regarda Andreas et commença à rire. "C'est vraiment n'importe quoi."

"Il te faut quelque chose de plus fort," lui dit Andreas en se levant. "Cette eau gazeuse ne t'aide pas à passer un bon moment. Je reviens tout de suite."

"Ok, ok, va me chercher un verre," dit Bill en renvoyant Andreas d'un coup de pied. Il resta assis seul quelques instants, observant la foule. "Si tout le monde me connaît, pourquoi est-ce que personne ne vient me parler?" songea-t-il tout haut.

"Sûrement parce qu'ils sont timides."

Bill leva prestement la tête pour trouver une charmante brune qui se tenait devant lui. "Oh," dit-il bêtement. "Salut."

La fille sourit. "Je m'appelle Maria," dit-elle en tendant la main. "Juste signée par le label et plutôt obligée d'assister à toutes les soirées qu'ils organisent. Vraiment désolée de ruinée ta fête."

Bill prit sa main et la serra maladroitement. "Nan, c'est pas bien grave," dit Bill.

"Ça t'embête si je m'assois?"

Bill fit un geste vers le canapé. "Ok."

Elle s'assit à côté de lui, laissant un bon espace entre eux, puis prit une gorgée de sa boisson colorée. "Tu sais, je n'aurais pas du tout su que tu étais là si je n'avais pas repéré les cheveux."

Bill rigola. "Je me planquais, mais mes cheveux m'ont trahi."

"Je vois que ton frère – ton frère, pas vrai? – passe un bon moment par là," continua Maria en faisant un signe de tête vers Tom. "Pourquoi pas toi?"

Bill haussa les épaules. "On est différents."

"C'est évident," répondit-elle en riant légèrement.

"Alors qu'est-ce que tu fais?" lui demanda Bill. Il se sentait à l'aise et Andreas n'était même pas encore revenu avec son verre.

"Je suis chanteuse, guitariste, je compose…" commença-t-elle. "Un peu de tout en amateur, principalement."

"Mais tu dois être douée, tu as été signée," dit Bill.

Elle sourit. "Est-ce que tu dirais que tu es doué?"

"Ça dépend," dit Bill en souriant. "Qui demande?"

"Moi."

"Je suis pas mauvais," marmonna Bill en rougissant. La façon dont elle le regardait lui réchauffait le ventre.

"Alors, j'aime tes ongles," dit-elle en regardant ses mains. Ses ongles étaient de nouveau longs avec la French manucure. Il sourit. "Je suis une rongeuse." Bill leva un sourcil et elle lui montra ses mains.

"C'est moche," répondit Bill maladroitement.

"Qu'est ce que tu fais quand tu es stressé alors?"

"En général, je me fais les ongles," dit Bill en riant doucement. "Sérieusement. Ou je tape dans des trucs. Tom en général."

"Ce n'est pas gentil," dit-elle.

"Nan, il pourrait me foutre une branlée s'il voulait, alors ça va."

C'est à ce moment qu'Andreas revint avec leurs boissons. Bill était presque déçu de le voir.

"Hey" dit Maria en souriant à Andreas. "Je vais me bouger le cul et te laisser t'asseoir."

"Non, je suis juste le livreur," dit Andreas en regardant Bill dans les yeux. "Voilà ton verre. A plus."

Bill prit le verre des mains d'Andreas et lui fit un signe. Il regarda à travers la pièce et vit Tom toujours avec le groupe de filles. La seule différence à présent était qu'il y en avait encore plus. Bill leva les yeux au ciel et se tourna vers Maria qui s'était rapprochée.

"Qui c'était?" demanda-t-elle en faisant un signe de tête en direction de l'endroit où s'était s'éloigné Andreas. "Il était mignon."

Bill fit une grimace. "C'est Andi… Andreas. C'est mon meilleur ami."

"Oh, je pensais que c'était ton…" Maria prit une longue gorgée de son verre et s'éclaircit la gorge. "Tu veux danser?"

"Je suis une bite en danse," dit immédiatement Bill. Il se plaque une main sur la bouche. "Désolé, je voulais pas le dire comme-"

"C'est pas grave, on a qu'à sortir de cet pièce étouffante," répondit-elle en rigolant. "Prendre l'air frais."

"D'accord" approuva Bill. Ils se levèrent et Bill mit sa main dans le bas de son dos, la guidant comme il avait vu Tom le faire quelques fois. C'était une gentille fille, et mignonne aussi. Elle semblait flirter avec lui. Bill commença à sentir quelque chose comme du soulagement alors qu'ils quittaient la fête, vers la véranda extérieure. Peut-être que les choses pouvaient bien aller.

"Mon Dieu, tu es grand," commenta Maria alors qu'ils sortaient. "J'en avais aucune idée."

"Ouais, je suis plus petit assis," répondit Bill en souriant. Il marcha près d'elle, gardant sa main dans son dos. Elle n'arrêtait pas de la regarder par-dessus son épaule, avec un sourire amusé. "On dirait que tu es plus grande assise."

"Pas de blagues sur la taille," dit-elle en levant les yeux vers lui et avec un sourire en coin. "Arrêtons-nous là, c'est sympa."

Bill hocha la tête et ils s'arrêtèrent sur une corniche surplombant un lac.

"Alors, ton meilleur ami, hein?" demanda-t-elle en lui faisant un petit sourire. Bill prit une gorgée de son verre, les sourcils froncés.

"Andi? Ouais."

"Ecoute, je sais comment la profession peut être, je veux dire, j'en ai entendu parler," dit-elle en adressant à Bill ce qu'il supposa être un regard entendu.

"Hum," dit Bill, soudain très mal à l'aise. "Quoi?"

"C'est ton petit ami, pas vrai?"

La première réaction de Bill fut de s'étouffer avec sa gorgée d'alcool. La seconde fut d'éclater d'un rire nerveux. "Andreas?" Il s'essuya la bouche. "Tu penses que je suis…"

Elle leva les mains en l'air. "Whoa, désolée, tu semblais juste—"

"C'est le coup des ongles, hein?" demanda-t-il.

"Et le maquillage." Elle regarda Bill de haut en bas. "Et les vêtements. Et heu, les paillettes dans les sourcils."

Bill avait envie de ramper dans un trou et de mourir. "Je crois qu'il faut que je retourne à l'intérieur," dit-il. "Mais c'était sympa de te rencontrer, Maria." Il se détourna pour partir mais elle lui agrippa le bras.

"Je suis désolée, je ne suis qu'une idiote," dit-elle. "Je suis nouvelle dans tout ça, pas vrai? J'ai supposé quelque chose de stupide. Désolée. Vraiment."

Supposer qu'Andreas était son petit ami était stupide, mais supposer qu'il était gay…

"Et d'habitude j'ai un si bon radar à gay, c'est intégré," dit-elle. "Tu me laisses me racheter?"

Bill se mordit la lèvre. "Comment? De toute évidence, je suis blessé à vie."

Elle rit, son joli sourire éclairant son visage. "Tu choisis."

"On a qu'à rester un peu par là," suggéra Bill en désignant un banc. "Tu n'as pas froid, hein?"

"Nan."

Bientôt ils étaient assis près l'un de l'autre sur le banc, discutant avec animation. Bill découvrit que non seulement ils avaient beaucoup de sujet de discussion, mais il l'appréciait . Il ne s'était pas senti si détendu et intéressé par une fille depuis Rebekkah, et ça avait été sous de très étranges circonstances.

Celle-là, cependant, cette fille… était toute à lui.

"Dis m'en plus sur ta famille," dit Maria en lui donnant un petit coup d'épaule.

"Et bien il y a moi et Tom. Il est plus vieux de dix minutes. Il y a notre mère, et nous avons un beau-père qui s'appelle Gordon. Nos parents ont divorcé quand nous étions petits," dit Bill. "J'ai un chat et un chien."

"Pas d'autre frère ou sœur?"

"Non." Bill sourit. "Un c'est suffisant."

Elle hocha la tête. "Je suis fille unique. Je ne peux pas imaginer."

Bill la fixa et se pencha en avant. Il allait l'embrasser, parce qu'il avait envie de l'embrasser. Ça semblait juste.

Il pressa ses lèvres contre les siennes et elle se pencha légèrement en arrière, mais ne s'écarta pas. Elle rendit le baiser. Bill bougea sa main sur son flanc, la posant sur sa hanche et serrant. Elle hoqueta légèrement et se recula en clignant des yeux.

"Quoi?" murmura Bill.

"Tu n'es peut-être pas gay," dit-elle en remuant un peu sous sa main, "Mais moi oui."

Bill cligna des yeux. "Hum."

"Et aussi gentil que tu sois, je ne peux pas faire ça à ma petite copine" dit-elle. "Même si tu es juste un petit peu plus joli qu'elle." Ses joues rougirent et elle se leva.

Bill ne savait même pas quoi dire. Comment est-ce que ce genre de chose lui arrivait-il?

"Hey, fais pas la tête, c'est ton anniversaire," dit-elle. Elle lui tapota l'épaule et ça ne fit que le faire se sentir plus mal. "Tu as dix-sept ans, pas vrai?"

Bill hocha la tête sinistrement, refusant de la regarder.

"Tu as un million de fêtes devant toi. Tu es trop jeune pour laisser une petite lesbienne ruiner ta fête," dit-elle. Bill leva les yeux vers elle et ne put s'empêcher d'esquisser un sourire.

"Alors tu ne m'as approché que parce que…"

"Je pensais pas que tu me draguerais," dit-elle en croisant les bras. "Je suis restée éloignée de ton frère."

"Oh, mon Dieu," marmonna Bill. "Je suis pas…"

Maria hocha la tête en souriant gentiment. "Prends ton temps, tu finiras par comprendre. Quoi que tu sois, qui que tu sois, Bill Kaulitz, c'était vraiment un plaisir de te rencontrer. Je suppose que tu veux te sortir de cette situation, alors je vais le faire pour toi." Elle se pencha en avant et l'embrassa sur la joue. "Joyeux anniversaire."

Elle s'éloigna et Bill se sentit comme un abruti. Il posa la main sur sa joue, là où elle l'avait embrassé et soudain, Tom lui manqua beaucoup. "Putain," chuchota-t-il.

Comme s'il était sur pilote automatique, il retourna à la fête et passa près de Tom. Tom lui lança un regard bizarre. "Bill? Où est-ce que-"

"Plus tard, plus tard, "dit Bill. Il continua à marcher, parcourant la foule des yeux jusqu'à ce qu'il trouve Andreas. Rapidement, il se fraya un chemin jusqu'à son meilleur ami et lui donna un petit coup par derrière. "Hey."

Andreas se retourna et sourit. "Hey! Hey. Comment ça s'est passé avec… C'était quoi son nom? Qu'est ce qui s'est passé?"

"Rien,"dit rapidement Bill. "Apparemment tu es mon petit ami."

"Quoi?"

Bill leva les yeux au ciel et sentit ses oreilles le chauffer à nouveau. Il voulait que la soirée soit terminée. "Rien," répéta-t-il. "C'est juste… Va me chercher un autre verre, ok?"

"C'est toi le mec qui fête son anniversaire," répondit Andreas. "Heu. Un des deux, en tout cas," et il était parti.

Bill passa le reste de la soirée à se saouler, essayant d'oublier quasiment tout ce qui s'était passé ces dernières années. Il avait un an de plus et les choses devaient être différentes. Il ne pouvait plus faire n'importe quoi.

Alors qu'il continuait à observer Tom à travers la pièce, se sentant comme un étranger envers son propre jumeau, il décida qu'il ne voulait plus de tout ça. La partie la plus difficile serait de se convaincre lui-même que c'était vrai.


**


Bill tituba dans sa chambre, soupirant lourdement alors qu'il s'écroulait sur son lit. Ça avait été une putain de longue nuit et il était presque complètement sobre à présent, malgré son meilleur effort pour aller se mettre minable et le rester. La fête n'avait pas été un flop total finalement. Il s'était bien amusé avec Andreas et quelque uns de ces autres amis qui étaient au club, et il n'avait plus revu Maria.

Putain, pourquoi avait-il essayé de draguer une fille? Il était complètement nul pour la drague en général. La seule personne avec qui il ait jamais réussi à flirter était son propre frère.

"Je suis trop pathétique," gémit-il. Alors qu'il se retournait et enfonçait son visage dans l'oreiller, il décida qu'il était content d'avoir eu la prévoyance de se réserver une chambre pour lui seul. Il ne voulait pas d'Andreas ici à ce moment là.

Et il était sur le point de se rouler en boule pour s'endormir quand il entendit un léger coup à sa porte.

'Je vais juste l'ignorer,' pensa-t-il en fermant les yeux.

La personne, qui qu'elle soit, frappa à nouveau puis après quelques instants de silence, glissa une carte magnétique dans la porte. La porte s'ouvrit et Bill se redressa rapidement.

"Tom?"

Tom ferma la porte derrière lui. "Hey."

"Comment est-ce que tu as eu une carte?"

"La réceptionniste était impuissante devant mon charme," dit Tom, traversant la pièce et s'asseyant au pied du lit de Bill. "Tu as disparu avant de dire bonne nuit,"

"Oh," dit Bill. "Bonne nuit."

"Bill."

"Quoi?"

"Tu ne t'es pas amusé?"

"C'était bien," dit Bill en se rallongeant, enfonçant son visage dans le matelas. "Ça a rempli son objectif."

Bill n'entendit rien pendant quelques instants. Il était sur le point de vérifier si son frère était toujours là quand Tom reprit la parole.

"Je t'ai vu partir avec cette fille."

Bill grogna presque, mais au lieu de ça, il se contenta de soupirer dans les couvertures. "Et alors?"

"Alors… qu'est ce qu'il s'est passé?"

"C'est pas tes affaires."

"Bill, aller," dit Tom, et Bill le sentit s'asseoir sur le lit. "On se dit tout."

Bill leva finalement les yeux. "Tu veux vraiment savoir?"

Tom hocha la tête et Bill pensa qu'il avait l'air nerveux.

"Oublie ça," dit Bill.

"Est ce que tu as…?

"J'ai quoi?"

Tom soupira. "Tu sais."

"Qu'est ce que tu en as à foutre?" demanda Bill. "Et qu'est ce que j'aurais bien pu faire?"

Tom haussa les épaules. "Tu es parti un moment."

"Ouais." Bill se retourna et s'assit, rassemblant les couvertures dans ses bras. "Tu me surveillais, hein?"

"Oui," dit Tom, la voix complètement honnête.

"Et bien, elle était sexy," dit Bill en fixant ses mains. "Je l'ai embrassée."

Tom semblait choqué. "Vraiment?"

"Pourquoi est ce que c'est si dur à croire?"

"Quand on était en Espagne, tu as dit—"

Bill lança les couvertures par-dessus sa tête. "Arrête. Suffisamment de gens pense déjà que je suis gay."

"Tu l'as dit," répondit Tom.

"Je sais pas." La voix de Bill était étouffée. "J'ai aimé l'embrasser."

Bill pouvait sentir Tom remonter sur le lit et il fit émit un bruit plaintif alors que Tom tirait les couvertures de sur lui. "C'est bon," dit Tom. "Si tu es gay."

"C'est le pire anniversaire de ma vie," dit Bill.

Tom posa une main sur la joue de Bill. "Je n'ai même pas pu le passer avec toi."

"Tu étais entouré de filles," dit Bill

"Tu t'es enfui avec une fille," ajouta Tom. Sa main descendit du visage de Bill à son cou. "Est-ce que tu vas la revoir?"

"Peut-être." Bill se pencha contre la main de Tom et leva les yeux vers lui. "Tu voulais passer la soirée avec moi?"

Tom haussa les épaules et posa sa main sur la clavicule de Bill. "Plus qu'avec n'importe qui d'autre là-bas. Tu veux vraiment la revoir?"

Bill sourit un peu. "Ça ne te convient pas?"

"C'est… bon," dit Tom

"Non, ça l'est pas." Le sourire de Bill s'élargit. "Tu ne penses pas que c'est bon."

"Si je le pense. Quoi que tu veuilles faire."

Bill fronça les sourcils. "Et bien, je ne vais pas le faire."

"Vraiment?"

"Je ne pourrais pas, Tomi," dit Bill doucement. "Même si je le voulais."

 

Tom baissa les yeux et enleva sa main de Bill, mais Bill lui attrapa le poignet et le colla à ses lèvres. Tom grogna dans le fond de sa gorge.

"Et bien tant pis pour toi, elle était sexy," dit finalement Tom en levant les yeux et en souriant.

Bill leva les yeux au ciel. "Tu racontes que des conneries."

Tom tira sa main de la prise de Bill, l'attrapant immédiatement par l'épaule. "Est-ce que tu es gay?"

Quelque chose à l'intérieur de Bill s'écrasa. "Hum. Peut-être," dit Bill. La main de Tom remonta sa gorge jusqu'à sa mâchoire, forçant Bill à le regarder. "Oui," admit-il. C'était une admission à la fois pour lui-même et pour Tom. "Joyeux anniversaire, Je suis homo."

Bill ne savait pas quelle réaction il attendait de Tom, mais il ne s'attendait certainement pas à ce que son frère rie et l'attire contre lui.

"Pourquoi est-ce que tu es si content?" marmonna Bill.

"Tu ne courrais pas après cette fille," dit Tom en riant toujours.

"Ouais, et bien, elle était lesbienne," dit Bill dans les cheveux de Tom.

Tom rit plus fort. "Je ne fais pas exprès de rire, je suis désolé. Que toi, Bill."

Bill sourit, baissant le regard sur le lit et tirant sur un fil échappé des draps. "Alors ça ne te dérange pas?"

Au lieu de répondre, Tom attira Bill dans une étreinte serrée. "Merci de me l'avoir dit."

Bill hocha la tête, enfouissant son visage dans l'épaule de Tom. "Est-ce que tu as passé un bon anniversaire?"

Tom recula et haussa les épaules. "Rien de spécial."

"Et comment tu appelles ça?" dit Bill indigné en donnant un coup dans l'épaule de Tom.

"Ce n'est plus notre anniversaire depuis environ deux heures," répondit Tom.

"Détails, détails," dit Bill en se penchant contre Tom. "Alors, tu vas retourner dans ta chambre?"

Tom bailla. "Je peux rester?"

"Je sais pas," dit Bill

"Je ne ferai rien," dit Tom. Il enroula ses bras autour de Bill et le serra affectueusement. "Promis."

"De mauvaises choses arrivent quand on partage une chambre," répondit Bill. "Comme en Espagne."

Tom rougit. "Je suis—"

"Si tu dis que tu es désolé, je te tue," répondit fermement Bill. "Ça voulait dire beaucoup pour moi, ne gâche pas tout."

"C'est vrai?"

Bill hocha la tête.

"Moi aussi.'

Bill s'écarta de Tom et s'installa contre la tête de lit, étirant ses jambes devant lui. Tom s'allongea sur le dos, ses mains derrière la tête.

"Mais plus jamais," murmura Bill. Il baissa rapidement le regard vers Tom. "Pas comme ça. C'était juste une fois."

"Ouais."

Bill soupira et posa une main sur la tête de Tom, lui caressant doucement les cheveux. Tom releva la tête contre ce contact et mis sa main sur celle de Bill, la serrant. La pièce était silencieuse, excepté le bourdonnement du mini-frigo et le silence rendait Bill agité.

"On n'en parle plus, ok? On parle plus de ça."

Bill fronça les sourcils et contracta sa main sous celle de Tom. "Tu n'en avais pas vraiment envie, pas vrai?"

"Si," répondit doucement Tom. "Je ne veux pas que tu penses que je regrette. Enfin, pas vraiment."

Le cœur de Bill se serra. "Quoi?"

Tom se redressa et fit face à Bill. "On en a déjà parlé."

"Je ne me rappelle pas."

Soupirant, Tom secoua la tête. "Je ne voulais pas que ça se passe comme ça, bourrés et tout. Et il y a toujours des problèmes entre nous. Je veux y laisser du temps."

"Tu ne règle pas les choses en leur donnant du temps," dit Bill.

Tom bougea sur le lit, mettant sa tête dans ses mains. "Qu'est ce que tu veux que je te dise d'autre?"

"Rien," dit Bill. "C'est juste que je ne veux pas que tu penses que c'était une erreur."

"Ça l'était et ça ne l'était pas."

"Peu importe," dit Bill. Il restèrent silencieux quelques instants.

"J'ai quelque chose pour toi, en quelque sorte," dit doucement Tom en tournant la tête pour regarder Bill. "Je sais qu'on ne s'offre rien."

"Qu'est ce que c'est?" demanda Bill. Il se sentait mal à l'aise, Tom était si sérieux.

"C'est un truc assez important, et je ne veux pas que tu flippes."

Bill flippa. Il se redressa en se tordant les mains. "Qu'est ce que c'est?" redemanda-t-il.

"Mais… ne te, hum," Tom baissa les yeux. "Ne te moque pas de moi."

"Je ne ferais pas ça," dit Bill. "Qu'est ce que c'est?"

"Je peux pas te dire," dit Tom. "Ferme les yeux, d'accord?"

"Non, donne le moi."

"Je peux pas," dit Tom.

"Pourquoi?" Le cœur de Bill battait fort. Il ne pouvait même pas imaginer ce que Tom pouvait avoir pour lui qui lui cause ce genre de réaction. Tom semblait nerveux, très nerveux.

"C'est juste… que je veux pas que tu me regardes quand je ferai ça."

"Tom. Non."

Tom fit une grimace. "Fais le? Pour moi."

Soupirant, Bill ferma les yeux, son coeur battant la chamade. Il n'arrêtait pas de tressaillir à chaque petit bruit.

"Ok," fit la voix de Tom. "Maintenant tends la main."

Bill plaça docilement sa main paume en l'air, la posant sur son genou. Il prit une profonde inspiration.

"Calme toi, d'accord?" dit Tom. "Tu es superbe, détends toi."

Bill fronça les sourcils. "Je suis superbe?"

Un bruissement se fit entendre.

"Qu'est ce que tu fais?"

"Je le prends, c'est tout," dit Tom. Bill sentit un poids léger dans sa main, quelque chose en plastique, comme un sac.

"Est-ce que je peux ouvrir—"

"Non." Tom fit quelque chose avec ce que tenait Bill dans sa main.

"Qu'est ce que tu peux bien faire?" Bill essaya d'entrouvrir les yeux, mais Tom fit un bruit désapprobateur à l'arrière de sa gorge.

"Ouvre la bouche," murmura Tom.

"Pas question," dit Bill en fermant la bouche. "Dis moi d'abord ce que c'est."

"C'est important."

Bill ne pouvait déchiffrer le ton de la voix de son frère et ça le faisait se tortiller. Quoi que Tom ait pour lui, c'était important. "Bien," dit Bill en tremblant un peu. "Mais tu n'aurais pas dû m'offrir quoi que ce soit."

"Faux."

Puis Bill sentit quelque chose de froid et de familier sur sa lèvre inférieure. Il tressaillit de nouveau et recula, mais la main de Tom était posée dans son cou pour le calmer. Bill laissa ses yeux s'ouvrir légèrement et ce qu'il vit le fit partir en avant et frapper Tom dans l'épaule.

"Tom!!"

Les épaules de Tom étaient secouées de rires silencieux.

Dans la main de Bill se trouvait un sachet ouvert d'oursons gélifiés.

"Tom," grogna Bill à nouveau, récupérant l'ourson qui était tombé de ses lèvres sur le lit. Il le regarda, puis lança un regard noir à Tom. "Ce n'est pas drôle."

"Pas même un merci?"

"Bill mit l'ourson dans sa bouche et mâcha, fusillant toujours son frère du regard. "Je pensais que pour une fois tu étais vraiment un être humain attentionné qui m'avais trouvé quelque chose de bien."

Tom sourit. "Nan. Mais je t'ai fait flipper, non?"

Bill frappa encore l'épaule de Tom. "Oui, mon Dieu."

"Qu'est ce que tu pensais que j'allais te donner?" demanda Tom les yeux étincelants.

"Je sais pas, du respect?" dit Bill en mâchant un autre ourson gélifié. "Ils sont bons."

"Je les ai vus dans le distributeur en montant et j'ai pensé à toi."

"Oh, comme c'est mignon." Bill leva les yeux au ciel et avala. "En fait ça l'était en quelque sorte, merci."

"Joyeux anniversaire," dit Tom. "Tu m'en veux pas?"

"Après un cadeau aussi époustouflant? Bien sûr que non."

"Donne m'en un." Tom attrapa le sachet et Bill le lâcha, les oursons se répandant sur le lit. "Oups."

"Tu détestes ça," dit Bill en fronçant les sourcils. "Ne mange pas tout."

"Tu sais quoi, je t'en rachèterai," répondit Tom en souriant.

Bill lui rendit son sourire. "Tomi, c'est bien mieux que cette fête ne l'était."

Tom se réinstalla sur le matelas, mettant ses mains derrière sa tête. Bill s'allongea sur le côté, tenant sa tête avec sa main droite. Il regarda Tom, il avait envie de le toucher, le sentir, l'embrasser, quelque chose. Plus que ça, il voulait que Tom ait envie de lui faire ces choses. Au lieu de ça, il resta allongé en silence, mâchant ses oursons.

"Maman me manque," dit Tom doucement en jetant un coup d'œil à Bill. "C'est assez bizarre de ne pas être avec elle ce soir. Elle n'a même pas appelé."

"Elle nous laisse sûrement de l'espace ou quelque chose comme ça." Bill avala un autre ourson. "On la verra ce weekend."

"Ouais, à la maison."

"Hmm," approuva Bill. Il voulait voir sa famille, mais il n'avait pas envie de passer quelques jours dans sa maison. Les limites étaient toujours peu claires entre lui et Tom et Bill ne serait pas satisfait à moins de dormir dans la chambre de Tom. "Ouais."

"Qu'est ce que tu veux faire?" demanda Tom.

"Aller me coucher, en fait," admit Bill. "Je suis épuisé."

Tom hocha la tête. "Est-ce que je peux rester, alors? Promis, je me tiendrai bien." Il sourit à Bill.

"Ok, mais tu restes de ce côté du lit et je resterai de ce côté."

"Pas de câlin?" Tom battit des cils vers Bill et Bill lui donna un coup dans le bras.

"On ne se câline pas ," dit Bill d'une vois sèche.

"Si, des fois on le fait," dit Tom.

"Espèce de fille," dit Bill. "Tu n'est qu'une fille, tu veux des câlins."

"Et alors?"

Bill resta bouche bée. "Vraiment?"

Tom se pencha en avant et embrassa l'épaule de Bill. "Bonne nuit, Billy."

Alors que Bill regardait Tom se tourner et se glisser sous les couvertures, loin de lui, il sentit son ventre se tordre. Mais dire non à Tom était ce qu'il fallait faire. Il n'avait qu'à continuer à dire non. Ça deviendrait de plus en plus facile.

Bill se détourna de Tom et tira l'oreiller près de sa tête. "Ne m'appelle pas comme ça."

FIN DU CHAPITRE 11

 

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